– Enfin tu t’es décidé !
– Hum… décidé à quoi ?
– Ben, à écrire
– Ecrire ? Mais j’écris tout le temps Yael ! J’écris les sujets des devoirs qui assomment mes étudiants, les mails pour relancer les moins motivés, j’écris mes cours, les travaux dirigés, les annotations dans les marges des copies qui, juste retour des choses, m’assomment à leur tour.
– Genre ! Pourquoi tu as tellement attendu avant d’écrire sur ce blog alors ?
– Parce que… Parce qu’il n’y a pas d’ultimatum.
– Hein ? Tu as besoin d’un ultimatum pour écrire ?
– Les procrastinateurs ont besoin d’un ultimatum pour beaucoup de choses.
– Les pro-quoi ?
– Les gens comme moi qui ont parfois du mal à agir tant qu’ils ne sont pas au pied du mur.
– C’est idiot !
– Tout d’abord je t’interdis de suggérer que ton père puisse être un idiot… Ensuite ce n’est pas idiot, c’est… compliqué ! C’est compliqué de rendre un travail que je voudrais abouti mais que je considère comme inévitablement perfectible. L’ultimatum c’est ce qui me contraint à lâcher prise, à accepter l’imperfection du travail effectué.
– C’est quoi alors l’ultimatum alors ?
– C’est peut-être toi Yael. C’est peut être l’instant précis de ta vie où je peux prendre prétexte de cette discussion pour te dire ce que je fais et donc encore plus qui je suis.
– On y va alors ?
– On y va !